Jeunesse camerounaise et alcool : source de misère ou remède pour oublier ?
« J’ai commencé à goûter à l’alcool à l’âge de 28 ans » affirme-Papa Atangana confortablement installé autour d’un pot dans un bar au carrefour Carrière, l’un des lieux chauds de la capitale camerounaise, Yaoundé. Dans ce carrefour comme dans tous les autres de la ville et même ailleurs, se trouvent environ trente bars où l’on rencontre des consommateurs de plus en plus jeunes, dont l’âge varie entre 15 et 25 ans.
Pourtant, l’âge maximal pour consommer l’alcool au Cameroun est fixé à 18 ans. Pour Papa Atangana, c’est une question de génération, car à son époque dit-il : « On avait même peur de l’alcool. Tout consommateur de l’alcool ou de tabac était respecté, car il était pour nous un grand, un adulte. Il était presque impossible pour nous de s’approcher des bars. C’était un lieu réservé aux grandes personnes. En revanche, aujourd’hui, les adultes, les pères, se disputent les places dans les bars avec leurs enfants. »
Quand on fait un tour dans les bars ou dans les clubs « Matango et Bilili » (Bars de vins traditionnels) le spectacle est affligeant : un bâton de cigarette à la main, un groupe de jeunes tous ivres nous invitent sur leur table remplie de bières. « C’est la fin de l’année scolaire! » explique l’un d’eux en secouant un peu le corps au rythme d’un puissant Makossa de Longue-Longue dans Kirikou. Une chanson qui invite pourtant la jeunesse à fuir l’alcool source de la misère. Mais pour ces jeunes, » l’alcool est plutôt un truc pour oublier un peu la misère « ou les déceptions du quotidien. La plupart du temps, c’est parce qu’ils n’arrivent pas à trouver leur pain quotidien que de nombreux jeunes Camerounais se tournent ce soi-disant remède.
Après une année de galère, il faut un truc pour oublier ça. L’alcool est devenu l’ami de consolation des jeunes . Malheureusement, après l’état d’ivresse les soucis continuent tant qu’on n’a pas trouvé une bonne solution au problème. L’alcool augmenterait plutôt le problème. L’alcool et le tabac ne sont amis de personne.« Ce sont des tueurs silencieux, rappelle Papa Atangana qui boit quand même, juste pour se distraire, surtout que l’alcool n’est pas si mauvais. Il faut seulement se modérer », ajoute-t-il en souriant. Et ces jeunes continuent à boire, en pensant qu’un jour ou l’autre, ils partiront en laissant tout ça.
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